L’Assemblée nationale a renoué hier avec la violence physique et verbale dont elle seule a le secret. Au-delà des invectives qu’ils s’envoient constamment, des députés du Pds, qui en veulent à mort à Thierno Alassane Sall pour l’élimination de leur candidat, en sont venus aux mains hier. Mame Diarra Fam, Rama Guèye, Abo Mbacké Thiam et Ousmane Thiam ont voulu coûte que coûte en découdre avec Thierno Alassane Sall. N’eut été l’intervention des députés de Yewwi qui ont extirpé M. Sall pour le faire sortir de la salle, on ne sait pas ce qui se serait passé. Thierno Alassane Sall a d’ailleurs annoncé une plainte contre eux après leur avoir rendu leur «politesse».
C’était prévisible, l’inévitable face à face entre Thierno Alassane Sall et ses collègues du Pds a eu lieu à l’hémicycle, lors de la plénière pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire relative à l’élimination de Karim Wade, dont son recours a été à l’origine. Alors qu’il réclamait son droit de réponse parce que cité directement par Mame Bousso Guèye du Pds, Thierno Alassane Sall s’est fait violemment attaquer par des députés du groupe parlementaire Liberté Démocratie et Changement. C’est Mame Diarra Fam qui a donné le ton, armée de sa chaussure, la bonne dame a tenté de le rejoindre au pupitre pendant qu’il s’entretenait avec le président de l’Assemblée nationale pour, dit-elle, le corriger.
«Mame Diarra Fam s’est cognée la tête violemment»
Heureusement que Guy Marius était là. Son intervention a permis de ralentir l’action de Mame Diarra Fam. Malheureusement, d’autres députés du Pds ont rejoint Mame Diarra Fam non pas pour la calmer, mais pour tenter de faire eux aussi sa fête à Thierno Alassane Sall. Le leader de RV a dû faire preuve de beaucoup de retenue pour ne pas en venir aux mains avec Mame Diarra Fam, Rama Guèye et Abo Mbacké Thiam qui sont venus l’acculer devant le président de l’Assemblée nationale. Ce sont les députés de Yewwi qui se sont interposés pour les séparer. Ils ont eu d’ailleurs beaucoup de mal à extirper Thierno Alassane Sall de leurs griffes avant de le faire sortir de la salle. Birame Soulèye Diop a même pris un coup et Mame Diarra Fam s’est violemment cognée la tête à l’un des piliers du box des collaborateurs des ministres en voulant rattraper coûte que coûte son collègue et lui faire sa fête. Le président de l’Assemblée nationale, dépassé par les événements, a dû, comme à son habitude, suspendre la séance pour s’entretenir avec les présidents des groupes parlementaires. Une vingtaine de minutes se sont écoulées avant que l’Assemblée reprenne ses travaux.
Thierno Alassane Sall annonce une plainte
Il n’utilisera finalement pas son droit de réponse qui a causé tout ce cafouillage. Thierno Alassane Sall s’est servi de ses cinq minutes de temps de parole pour solder ses comptes avec ses collègues du Pds. «La population ne respecte plus l’Assemblée nationale à cause des enfantillages, des querelles de borne-fontaine. Et au lieu de nous remettre en cause, on se permet de mettre en place une commission et auditionner des magistrats. Le Conseil constitutionnel devait être attaqué s’il avait pris une autre décision, mais le droit a été dit sur la réclamation que j’ai portée», a-t-il fulminé.
Avant d’accuser Pds et Benno de coaliser pour reporter la présidentielle. «A cette nouvelle coalition qui veut le report de l’élection et installer une crise dans ce pays, je veux vous dire : vous avez condamné le Mali, le Burkina Faso, le Niger et vous êtes en train de créer un coup d’Etat constitutionnel en voulant reporter l’élection. Nous disons non au report. L’élection se tiendra à bonne date. Pas plus que vous ne pouvez rien avec ma réclamation, vous ne pouvez rien contre le peuple qui est debout», fulmine Thierno Alassane Sall, qui prend le président de l’Assemblée nationale à témoin pour faire constater l’attaque dont il a été victime. «J’ai été victime d’une agression ici comme notre collègue Amy Ndiaye Gniby et j’espère que vous allez faire votre rapport. Je vais porter plainte contre mes agresseurs», dit-il avant que ses collègues du Pds se lèvent encore de leurs chaises pour le traiter de tous les noms d’oiseaux.
Ndèye Khady D. FALL