BABACAR ABBA MBAYE, DÉPUTÉ ET MEMBRE DE TAXAWU SÉNÉGAL : «Tous nos députés voteront contre»




 
Les députés vont dans les heures qui viennent procéder à l’examen du procès de loi d’amnistie en plénière. A la veille de cet évènement important dans la vie de la Nation qui va consacrer la liberté de Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye, le député Babacar Abba Mbaye, membre de Taxawu Sénégal, s’est prêté aux questions de ‘’Les Echos’’. Dans cet entretien téléphonique, il revient sur la position de Taxawu qui a voté contre le projet de loi, la réunion qu’ils ont eue avec Khalifa Sall. Mais pour faire comprendre que leur position, ce n’est pas combattre le Pastef ou quelque adversaire politique que ce soit.
 
 
Les Echos : Les Echos anonçait une réunion des députés de Taxawu avec Khalifa Sall, qu’est-ce qui en est sorti ?
 
Babacar Abba Mbaye : Quand on est dans une plate-forme qui agrège plusieurs forces politiques, il est normal que, face à un sujet aussi sensible, les gens se réunissent et échangent sur les postures des uns et des autres pour adopter une position commune. C'est ça qui fait l'originalité de Taxawu Sénégal qui est une plate-forme politique et qui dit plate-forme politique dit débat, échange pour avoir la position la plus consensuelle possible. C'est pour ça qu'on a fait une réunion comme on le fait chaque fois à la veille d'un grand texte. Nous avons discuté ensemble pour arrêter les positions de Taxawu, ou Khalifa Président dans son ensemble. 
 
Hier, lors de la commission des lois, Taxawu a voté contre. C’est cela votre position ? 
 
Oui. Taxawu a voté contre ce projet de loi. Nous avons fait le choix, quoi qu'il advienne, d'être dans le champ de la République. C'est pour ça que nous considérons que la pire qui puisse arriver à notre pays, c'est de perdre autant de temps, autant d'énergie, autant de moyens et qu'au bout du bout, les citoyens disent : ‘’tout ça pour ça’’. Sans pardon, sans réconciliation, on nous parle d’amnistie.  Comment on en est arrivé là ? Qui sont les responsables ? Comment ce qui s'est passé a pu se passer ? Comment notre sécurité nationale a pu être aussi défaillante ? Comment notre système d'information a été aussi défaillant ? Comment a-t-on pu accuser des concitoyens, les mettre en prison sans procès ? Ces rumeurs de terrorisme, est-ce que c'est fondé ? Je pense qu'il y a autant de questions qui méritent réponse. 
 
 
Quelle a été la position de Khalifa Sall ?
 
Khalifa Sall n'est pas du genre, dans sa gouvernance, à venir imposer une position. Il laisse les gens échanger et discuter, c'est pour ça qu'il retient toujours le format de réunion de la coalition en présence des leaders et des députés. Dans ce genre de réunion, il commence toujours par donner la parole aux juristes attitrés, Babacar Thioye, Pape Moussa Tine qui font une lecture juridique de la loi, qui font l'exégèse du texte.  A partir de là, nous pouvons discuter politique sans pour autant verser dans la rancune. Il s'agit pour nous d'avoir une posture républicaine. Quand les gens nous disent que nous sommes dans la réconciliation, nous sommes dans le temps de l'apaisement, du pardon, c'est quelque chose que nous pouvons entendre, mais nous pouvons leur dire que c'est toujours beaucoup plus intéressant, beaucoup plus acceptable pour la population s'il y a une part de vérité. Cette vérité a été éludée.
 
 
Certains pensent que c’est contre Pastef que vous avez voté contre
 
Écoutez, nous ne prenons pas de position en fonction des autres forces politiques. Nous l'avons déjà démontré. Quand il a fallu aller au dialogue, beaucoup de forces politiques ont tenté de nous imposer un diktat. Nous avons refusé cela et nous sommes partis au dialogue et nous avons assumé.  Ça nous a coûté ce que ça nous a coûté, mais aujourd’hui, nous avons toujours considéré que le temps est le meilleur des juges. Il est important pour les acteurs politiques d'avoir l'humilité de savoir discuter et échanger quand il le faut et de savoir transiger quand il le faut. C'est ça pour nous le plus important. On ne décide pas en fonction des autres, on ne décide pas contre les autres ou par rapport aux autres. Nous sommes dans une République et nous avons une posture républicaine. 
 
Comment vous allez vous comporter lors de la plénière ce mercredi
 
Bien sûr tous nos députés voteront contre et nous prendrons le soin pour que tous les députés de Taxawu Sénégal  puissent, la voix haute et la tête haute dire ce que nous pensons, dire la vérité, la conception que nous avons de la République et de faire en sorte que tous les jeunes qui s'inspirent de Taxawu puissent comprendre que  dans un pays, dans un État il n'y a pas de rapport de force qui compte. La politique, ce n'est pas insulter quelqu'un parce qu'il a un avis contraire, ce n'est pas placarder quelqu'un parce qu'il a un avis contraire. La politique, c'est les débats d'idées, d'opinion et c'est dans ces champs là que nous nous nourrissons, que nous nous enrichissons pour faire avancer la chose publique et la République.  C'est ça qui compte pour nous. 
 
Les échauffourées entre militants de Pastef et ceux de Taxawu…
 
Je pense que ce n'est pas en notre honneur ni à celui du Pastef que demain, on puisse dire que les militants du Pastef et du Taxawu en sont venus aux mains et qu'il y a eu des blessés. On ne peut pas être dans cette situation où il y a des morts et des blessés pour le pays et que nous, entre partis d'opposition, on en arrive à nous battre. Je pense que le discours de Khalifa Sall a été clair, il l'a dit et la martelé, "nous comprenons votre frustration. Des fois, nous vivons des choses difficiles, incompréhensibles, des gens veulent nous imposer des choses. Ce n'est pas acceptable, mais il faut le dire dans la démocratie. Nous nous sommes contre toutes formes de violence et travaillons à ce que ça ne se reproduise plus". 
 
Quid des accusations contre Barthélemy Dias ?
 
Barthélemy n'était même pas à Dakar. Je pense que c'est des accusations qui ne tiennent pas la route. Ce n'est pas fondé et ce n'est pas respectueux vis à vis de l'autorité qu'il est, mais nous restons sur notre ligne. Nous travaillons à ce que ça ne se reproduise plus, quel que soit le responsable.
 
 
LES ECHOS

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