ASSOCIATION DE MALFAITEURS EN RELATION AVEC UNE ENTREPRISE TERRORISTE: Le présumé terroriste de attentats de Grand Bassam, Sina Ould Sidy Ahmed et son acolyte, Boubacar Niangalou, risquent 7 ans de réclusion criminelle



 
 
Pour des faits d’association de malfaiteurs avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme en bande organisée, entre autres crimes, Sina Ould Sidy Ahmed et Boubacar Niangalou ont comparu hier devant la Chambre criminelle spéciale de Dakar. Ils risquent 7 ans de réclusion criminelle et seront fixés sur leur sort le 29 avril prochain.
 
 
Pour association de malfaiteurs avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme en bande organisée et appui à un groupe ou membre d’un groupe en vue de sa participation à la commission d’acte terroriste, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux dans un document administratif et complicité dudit chef, Sina Ould Sidy Ahmed, soupçonné comme étant l'un des présumés terroristes ayant commis les attentats de Grand Bassam (en Côte d'Ivoire en 2016 et à l'issue desquels 16 personnes sont mortes)  et son acolyte, Boubacar Niangalou, ont été renvoyés hier en jugement devant la Chambre criminelle spéciale de Dakar.
Les accusés ont été interpellés courant 2017, quand les autorités ont su que Sina Ould Sidy Ahmed, à l'époque, séjournait au Sénégal. Ce dernier était suspecté d'être en contact avec des terroristes basés au Mali. Ainsi, lorsqu'une perquisition a été faite à son domicile, les agents enquêteurs ont trouvé une décharge qui faisait état d'une importante somme d'argent de 57 millions. Interrogé sur l'origine de cet argent, il a dit l’avoir reçu d'un Libyen. La découverte de ladite décharge a mené les agents vers une autre piste, à savoir celle de Boubacar Niangalou qui a soutenu avoir établi la décharge pour le compte de Sina Ould Sidy Ahmed, après qu'il lui a remis la somme de 57 millions que lui aurait envoyé le fameux Libyen.
 
Sina Ould Sidy Ahmed nie tout
 
 
A la barre hier après 4 ans de détention préventive, ces deux accusés ont nié les faits devant la barre de la Chambre criminelle. Né en 1974 au Mali, précisément à Tombouctou, Sina Ould Sidy Ahmed, très agité et très bavard, s'est dès l'entame de son interrogatoire disculpé. «Je n'ai jamais été condamné. Je n'ai jamais été poursuivi et je ne serai jamais poursuivi. Je suis un citoyen qui aime son pays, le Mali. On est en train de me mêler aux attaques de Grand Bassam en Côte d'Ivoire alors que je ne connais même pas ce pays. Je suis marié et père de 4 enfants. M. Le président, je suis père de 4 beaux garçons. Je ne suis pas un malfaiteur. C'est un matin qu'on m'a arrêté et les policiers m'ont demandé qui est Souleymane. Je leur ai dit que je ne connaissais pas une personne de ce nom», dit-il. Interrogé sur le montant de 57 millions qui a transité entre ses mains, il donne sa version : «J'ai rencontré Niangalou le 23 janvier 2017 dans son bureau pour récupérer le montant de 57 millions. Je ne l'ai jamais rencontré et je ne suis jamais allé chez lui. Cet argent m'a été envoyé par Mouhamed Ould Ahmed», a-t-il précisé. Interrogé sur Moustapha Diatta (jugé lors du procès Imam Ndao et Cie puis acquitté) et de son implication dans les attaques de Grand Bassam, puisqu'il est soupçonné d'être l'un des auteurs, Sina Ould Sidy Ahmed a dégagé en touche. «Je n'ai jamais connu Moustapha Diatta. Je ne suis pas impliqué dans l'attentat de Grand Bassam», a-t-il indiqué. Et pourtant, un certain Abdoulaye Ngom l'avait cité comme étant celui qui était en contact téléphonique avec Moustapha Diatta. Par ailleurs, sur sa page Facebook, il avait publié une photo de lui qu'il avait prise sur les mausolées de Tombouctou qui ont été détruites par les terroristes. Avec les écrits suivants dont il glorifiait ces actes : «voici maintenant ce qui reste de nos fameux Cheikhs». Mais, pour se dédouaner, il explique : «Tombouctou, c'est la cité religieuse, une ville sainte. Je me rendais là-bas avant les casses chaque vendredi. J'y étais pour un ziarra. Ce sont des endroits où on peut se recueillir. De la même façon que des gens croient à Serigne Touba, je crois à ces Cheikhs. Je suis victime parce qu'on m'a imputé des choses dont je ne suis pas l’auteur», a dit Sina Ould Sidy Ahmed.
 
 
Boubacar Niangalou dégage lui aussi en touche
 
 
Pour sa part, le commerçant Boubacar Niangalou a lui aussi réfuté les accusations qui pèsent sur lui. Sur ses rapports avec Sina Ould Sidy Ahmed, Boubacar Niangalaou affirme : «c’est Mamadou Bocoum, un commerçant à Bamako, qui m’a mis en rapport avec Sina. Je lui ai donné 27 millions en liquide et un chèque de 20 millions», a-t-il confié. Les renseignements qui le surveillaient ont constaté que la somme de 3 milliards FCfa a transité dans ses comptes bancaires en l'espace de 2 mois. Mieux, il a été prouvé qu'il était détenteur de 16 comptes bancaires dans différentes institutions financières. À ce propos, il dit : «j'ai un compte bancaire à la Bicis, à Diamond Banque, à la Banque Atlantique et à Ecobank. C’est mon gestionnaire qui m'a conseillé d'ouvrir des comptes bancaires aux noms de mes 6 enfants mineurs. C'était des comptes alimentés puisque je mettais 100.000 F Cfa chaque fin du mois et pour chacun des comptes. Chacun de mes enfants avait 2 comptes bancaires. Mon gestionnaire avait dit que c'était pour préparer et assurer leur avenir. Je n'ai jamais ouvert ces comptes aux noms de mes enfants pour dissimuler quoi que ce soit», a indiqué l'homme de 44 ans. À sa suite, le procureur, Malick Dia a requis contre Sina Ould Sidy Ahmed 7 ans de réclusion criminelle assortis d'une amende au quintuple des biens qu'il gérait et qui ont été saisis, en sus d'une interdiction définitive de séjour sur le territoire sénégalais. S'agissant de Boubacar Niangalou, il a aussi requis la même peine de réclusion criminelle ainsi qu'une amende au triple des biens qu'il gérait et qui ont été confisqués. Aussi, le parquetier a sollicité une interdiction définitive de séjour sur le territoire sénégalais. Délibéré le 29 avril 2021.
 
Fatou D. DIONE
 
 
 
 
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