Il y a des blessures qui font plus de bruit que d’autres. Celle d’Assane Diao n’a pas crié. Elle s’est imposée dans le silence d’une fin de première période, dans ce moment suspendu où le corps dit non alors que l’esprit veut continuer.
Il venait de s’élancer, encore. Comme toujours. Une course, une accélération, cette liberté qu’il a dans les jambes. Puis l’arrêt. Brutal. Injuste. Le regard vers le banc, la main sur la cuisse. Et cette pensée qui traverse l’esprit avant même le diagnostic : « Pas maintenant… »
La Can. Trois lettres, mais un monde entier pour un jeune joueur. Pour Assane Diao, elle n’était pas seulement une compétition. C’était une promesse. Celle faite à lui-même lorsqu’il a choisi le Sénégal. Celle faite à sa famille. Celle faite à ses racines.
Il avait tourné le dos à l’Espagne sans bruit, sans slogan. Un choix intime, presque secret. Le genre de décision qu’on prend seul, tard le soir, quand plus personne ne parle et que le cœur finit par répondre à la place de la raison.
Et puis le football rappelle sa loi. Crue. Froide. Impersonnelle.
Une lésion musculaire. Grade II. Six à huit semaines. Des mots médicaux pour décrire un vide immense. Pendant que d’autres prépareront leurs valises pour le Maroc, lui comptera les jours. Les séances de soins. Les réveils où le corps guérit plus vite que l’esprit.
Il regardera la Can autrement. De loin. Depuis un canapé, un centre de soins, un téléphone posé sur la table. Il applaudira quand même. Il souffrira en silence. Il se demandera, parfois, « et si… »
Mais peut-être que c’est aussi là que naissent les vrais joueurs.
Dans ces moments où tout s’arrête. Où l’on apprend que le rêve ne disparaît pas parce qu’il est repoussé. Il se transforme. Il s’endurcit.
Assane Diao ne sera pas au Maroc. Pas cette fois.
Mais la Can n’a pas fini avec lui. Et le Sénégal non plus.
Parce que certaines absences construisent plus que des présences.
Parce que le silence d’aujourd’hui prépare souvent le bruit de demain.