ARRÊTÉ POUR APOLOGIE DU TERRORISME, BLANCHIMENT DE CAPITAUX: Le Malien Boubacar Niangadou e zone de haute sécurité au Camp pénal, ses parents appellent la justice à une célérité dans le traitement du dossier



 
 
Le Malien d’origine, Boubacar Niangadou, arrêté par la justice sénégalaise et poursuivi pour apologie du terrorisme et blanchiment de capitaux, attend encore son procès. Le dossier, envoyé au Parquet pour règlement définitif, n’est toujours pas enrôlé. Les Maliens du Sénégal, proches de Boubacar Niangadou, tapent du poing sur la table et demandent à la justice sénégalaise au moins une célérité dans le traitement du dossier. Ils envisagent de saisir les droits de l’hommistes en ce sens. Ils sont convaincus, par ailleurs, que leur concitoyen est innocent dans cette affaire.
 
 
En 2017, Boubacar Niangadou, un Malien d’origine, âgé d’une cinquantaine d’années, a été arrêté par la justice sénégalaise. Il est accusé de faire partie d’un réseau terroriste et d’être en relation avec les auteurs de l’attentat de Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Présenté au procureur, ce dernier ouvre une information judiciaire et fait un réquisitoire introductif pour demander son inculpation. Le Doyen des juges d’instruction qui a hérité de tous les dossiers à connotation terroriste l’inculpe pour association de malfaiteurs, apologie du terrorisme et blanchiment de capitaux. Près de trois ans plus tard, le dossier n’est toujours pas renvoyé en jugement. Par ailleurs, toutes les demandes de mise en liberté provisoire introduites par ses conseils ont été systématiquement rejetées. Et pour l’heure, l’affaire est envoyée au parquet pour règlement. Reste maintenant au chef du parquet de rendre son réquisitoire définitif et de renvoyer le dossier au magistrat instructeur. Ce qui tarde à se faire. Suffisant pour susciter le courroux de ses proches qui souhaitent la célérité dans le traitement du dossier, surtout qu’ils sont convaincus que Boubacar Niangadou est totalement innocent. C’est ce qui ressort du témoignage de son neveu Daouda Bathily. «Depuis que Boubacar a été arrêté, c’est le désarroi au sein de la famille. Surtout qu’on nous parle de terrorisme. Personne ne croit à cette histoire. Je suis sûr qu’il est innocent. C’est en 1998 qu’il est venu au Sénégal. Il était un portefaix. Il avait son pousse-pousse à la gare. Et c’est petit à petit qu’il a ouvert son magasin, etc.  Il a deux femmes et de petits enfants. Et depuis que je le connais, je ne l’ai jamais vu lever la main sur ses enfants», témoigne-t-il. Selon Daouda Bathily, c’est son oncle qui l’a aidé lorsqu’il est venu au Sénégal et l’oncle a aussi trouvé du travail pour beaucoup de Maliens qui viennent au Sénégal et qui ont actuellement des magasins au marché malien, à la rue Raffenel angle Escarfait. 
 
 
 
Ses proches affirment qu’il n’est pas un terroriste et déplorent qu’il soit incarcéré en haute sécurité au Camp pénal
 
 
Gérant la comptabilité de Boubacar Niangadou, Mouhamadou Camara n’en dira pas moins. «C’est un de ses cousins qui l’a appelé un jour du Mali pour lui demander s’il a un tel montant, il a dit oui ; il lui a alors demandé de remettre l’argent à un individu. Il s’agit de quelques millions de francs. Il l’a remis à la personne moyennant une commission de 50.000 francs ou quelque chose comme ça ; en fait, comme les bureaux de change. On l’a pris pour cette histoire, le poursuivant pour terrorisme et blanchiment d’argent. Pourtant, il y a des reçus avec numéro de téléphone et tout, pour dire qu’il n’a rien à cacher», se désole le comptable. Selon Mouhamadou Camara, Boubacar Niangadou faisait travailler directement au moins 7 personnes au marché malien et plusieurs dizaines indirectement. Mais, à cause de son arrestation, ses activités marchent au ralenti, car c’est lui qui faisait les gros achats. Pis, à cause des infractions pour lesquelles il est arrêté, presque toute la clientèle a fui. «Nous ne demandons qu’une chose, qu’il soit jugé et que justice lui soit rendue. Nous ne mettons pas en doute la justice sénégalaise, mais Boubacar n’est pas un terroriste. Nous voulons au moins dire à ses femmes et à ses enfants pourquoi il est arrêté. Car, jusqu’à ce jour, ils ne savent pas. Il a eu deux enfants qui ne le connaissent pas puisqu’au moment de leurs naissances, il se trouvait en prison», regrette Mouhamadou Camara. Ce dernier de déplorer aussi que l’homme soit incarcéré en haute sécurité à la prison du Camp pénal. «Le mettre en prison avec des gens qui ont tué, la justice doit se demander s’il ne va pas y avoir un effet contagieux, pas pour Boubacar, mais pour les autres», s’inquiète le comptable. Les Maliens du Sénégal et parents de l’inculpé envisagent de saisir les associations des droits de l’homme, mais également d’observer un sit-in pour la tenue très rapidement du procès de Boubacar Niangadou. 
Alassane DRAME   

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