APRES SON PRIX EN 2019 AU FESTIVAL DE CANNES : Mati Diop remporte l'Ours d'or et crie justice pour le peuple sénégalais




 
 
Mati Diop a fait une prise de parole très remarquée et courageuse ce week-end en Allemagne où elle recevait le prix de l'Ours d'or du festival international du film de Berlin. Acclamée par le public, celle qui avait remporté le Grand prix du festival de Cannes en 2019 avec "Atlantique" a soutenu qu'elle se range du côté du peuple sénégalais qui se bat pour la démocratie et la justice.
 
 
La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop a remporté l’Ours d’or, la plus haute distinction du Festival international du film de Berlin (Berlinale), pour son documentaire « Dahomey ».  Très respectée dans le monde du 7e art, Mati Diop a jeté son grain de sel sur ce qui se passe au Sénégal. "Nous pouvons soit oublier le passé, une charge désagréable qui nous empêche d'évoluer, ou nous pouvons en prendre la responsabilité, l'utiliser pour avancer". C’est par ces mots de Aimé Césaire que la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop a récupéré son Ours d’or le weekend passé, lors de la 74e édition de la Berlinale en Allemagne.
En recevant son prix, Mati Diop, qui en 2019 avait remporté le Grand prix du festival de Cannes pour le film "Atlantique", a été chaleureusement acclamée par le public lorsqu’elle a évoqué la situation actuelle au Sénégal. Le pays traverse une période difficile marquée par des incertitudes quant à son avenir, notamment en raison de la décision du président de la République Macky Sall de reporter l’élection présidentielle. S’exprimant en anglais, Mati Diop a déclaré : " en tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afro descendante, j’ai choisi d’être de ceux qui refusent d’oublier, qui refusent l’amnésie comme méthode". Elle a ensuite ajouté : « je suis solidaire des Sénégalais qui se battent pour la démocratie et la justice".
La réalisatrice n’a pas non plus oublié le peuple palestinien, lui dédiant également une partie de son discours.
 
Faire du cinéma pour "rendre justice"
 
Le cinéma de Mati Diop est cérébral. Mais avant tout politique. "On a un défi qui n'est pas comparable à ceux des cinéastes occidentaux", a-t-elle expliqué lors de la Berlinale, s'identifiant au cinéma africain. "C'est un cinéma fondamentalement politique, il y a une justice à rendre", a-t-elle ajouté. Un cinéma encore très peu représenté dans les festivals internationaux, surtout pour les films d’auteur.
En récompensant un film qui aborde frontalement la question post-coloniale, le jury présidé par l'actrice mexicano-kenyane Lupita Nyong'o, première personnalité noire à occuper ce poste prestigieux, est resté fidèle à la tradition politique de ce festival.
Il s'agit seulement du deuxième film africain à recevoir l'Ours d'or (après le sud-africain "U-Carmen e-Khayelitsha" ("Carmen de Khayelitsha") de Mark Dornford-May en 2005).
Le film « Dahomey » s’inscrit dans un contexte de débat croissant sur la restitution des biens culturels africains spoliés pendant la colonisation. En 2018, le Président français Emmanuel Macron a déclaré que la France restituerait des œuvres d’art africaines à son continent d’origine. Cette décision a été saluée par certains, mais d’autres estiment que le processus de restitution est trop lent et complexe.
 
Samba THIAM
 
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