APRES LA PLAIDORIE DU BÂTONNIER DU CAMEROUN: le Juge Lamotte se heurte au Bâtonnier, s'énerve et boude l'audience




 
Le scenario qui s’est produit, hier, à la salle 4 du palais de justice Lat-Dior où se tenait le procès de Khalifa Sall et Cie, était imprévisible. Des accrochages ont eu lieu entre les parties concernées, notamment les parties civiles, la défense, le procureur de la République et avec même le juge qui préside l’audience. Mais quand l’accrochage intervient entre le président Malick Lamotte et le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Mbaye Guèye, c’est presque surréaliste. C’est pourtant ce qui s’est produit, hier. Tout est parti des propos tenus dans ses plaidoiries par le bâtonnier du Cameroun, Jackson Kamga, constitué pour assurer la défense de Khalifa Sall. Me Kagma a d’abord soulevé un point essentiel, en soutenant que ce qui est visé, c’est l’application de l’article 157 du Code pénal qui dit que la personne qui est déclarée coupable doit être privée de ses droits tels qu’énumérés par l’article 64 dans son alinéa 2. Et cet alinéa précise que cette personne doit être privée de ses droits civiques, de son droit d’éligibilité lorsque la peine dépasse 5 ans.
 
 
«Khalifa est en prison à cause de la «déloyauté, de l’acharnement, de la méchanceté d’un homme»
 
Selon le bâtonnier, c’est la véritable clé de cette histoire. Me Kamga a aussi soutenu que Khalifa Sall est en prison à cause de la «déloyauté d’un homme, de l’acharnement d’un homme, de la méchanceté d’un homme». Cette page close. Il s’est demandé «si les Sénégalais étaient castrés au point de garder ce silence» et plus loin, il s’est demandé «si ses clients étaient congénitalement malhonnêtes ou des idiots…pour commettre ces faits ?» Une façon de dire que l’accusation s’est trompée.
Des propos qui ont énervé le président Lamotte qui a voulu le recadrer. Lamotte lui a jeté à la figure qu’il est étonné qu’un bâtonnier puisse tenir de tels propos et que le Tribunal ne peut pas accepter qu’on puisse tenir de tels propos. C’est à ce moment que le bâtonnier Mbaye Guèye est entré en scène. Après avoir enfilé vite fait sa robe, Me Guèye s’est placé devant la barre pour parler au juge. Mais Malick Lamotte, sachant où il allait en venir, lui dit : «venez me trouver dans mon bureau on va en parler !». Réplique sèche et cinglante de Me Mbaye Guèye : «non ! Vous avez dit ce que vous aviez à dire en public, je vous répondrai en public !» Un peu dubitatif, le juge a essayé de se lever et le bâtonnier de répéter : «je vous répondrai en public !» Malick Lamotte, apparemment fâché, se lève, tourne le dos au bâtonnier et se dirige vers la porte. Voulant vraiment se faire entendre sur les lieux du crime, le bâtonnier lui balance : «il faut que vous arrêtiez de juger les avocats !» Le juge sort de la salle sans se retourner et le bâtonnier, visiblement très en colère, s’asseye sur une chaise, refusant d’aller au bureau du président. Il a fallu l’intervention de quelques avocats pour qu’il accepte d’aller le voir afin qu’ils arrondissent les angles. Au retour, ils ont tous dit être désolés et se sont dit des politesses et le procès s’est poursuivi.
Alassane DRAME

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