APRES CENT JOURS A LA TETE DU PAYS : Bassirou Diomaye Faye dénonce des pratiques de l’ancien régime, annonce une nouvelle baisse des prix et la renégociation des contrats




 
 
 
Face à la presse, le chef de l’Etat a révélé que son anticipation dans certains secteurs sensibles en faisant le point sur les stocks de sécurité a épargné le Sénégal de coupures d’électricité et de hausse des factures d’eau juste après son installation. S’y ajoutent des décrets de dernière minute qui impactent les finances publiques. Cependant, dans cette grisaille, il annonce une nouvelle baisse des denrées dans les prochains mois. A l’en croire, les contrats dans le secteur minier et des hydrocarbures seront renégociés. 
 
 
 
Revenant sur l’état des lieux, le chef de l'Etat de préciser avoir anticipé sur certaines questions. En effet, avant même de prêter serment, il a fait appel à des experts pour faire le point sur les stocks de sécurité concernant les denrées de première consommation et l’approvisionnement en carburant pour le fonctionnement de l’énergie. Il avait, à cet effet, entendu le Directeur de la Sar, celui de la Senelec, le directeur du Commerce intérieur, l’ancien ministre des Finances et du Budget en plus de rencontrer la délégation du Fmi. Au terme de ces échanges, il s’est rendu compte que la situation était compliquée, dit-il, pour dire le moins.
 
Coupures d’électricité et hausse des factures d’eau dévouées
 
«Si je n’avais pas anticipé sur ces questions, les coupures d’électricité allaient reprendre juste après mon installation parce que la Sar n’avait plus d'approvisionnement. Cette anticipation des secteurs sensibles nous a permis de prendre nos dispositions pour payer le bateau qui avait accosté depuis plus d’un mois à la place de la Sar. En plus de faire venir un autre navire pour approvisionner la Sar en hydrocarbure pour être sûrs que nous n’allons pas connaître des coupures», explique le chef de l’Etat, qui se désole de constater que son prédécesseur et son équipe, sachant qu’ils vont partir, se sont précipités à poser certains actes dans le but de mettre le nouveau régime en mal avec la population. Il en veut pour preuve cet arrêté visant à augmenter le prix de l’eau au 29 mars. «Si on n’y avait pris garde, les factures d’eau allaient exploser juste après mon installation. Dans les hôpitaux aussi, certains contrats ont été accélérés. Mais avant que je ne procède à la prestation de serment, j’ai sommé l’ancien ministre de la Santé d’arrêter la signature d’un certain nombre de contrats suite à des surfacturations inacceptables que j’ai constatées», ajoute le chef de l’Etat, avant de poursuivre : «lorsque j’ai été au palais pour une visite de courtoisie, j’ai fait part  à mon prédécesseur d’une convention signée avec Dakarnave sur 25 ans qui était arrivée à expiration et qui a été renouvelée pour les 20 prochaines années alors que les intérêts du Sénégal n’ont pas été préservés. J’ai demandé à l’ancien président de la République de casser les contrats et de procéder à un nouvel appel d’offres pour être sûr que les intérêts du Sénégal sont pris en compte», confie le chef de l’Etat face à la presse.
 
Ces décrets de dernière minute qui impactent les finances publiques 
 
S’agissant des finances publiques, le chef de l’Etat est d’avis qu’elles pouvaient être mieux tenues avec une gestion plus transparente. «Malgré les difficultés liées à la gestion de nos ressources, l’Etat a signé des décrets visant à payer d’anciens ministres, ainsi que des travailleurs dans d’autres secteurs d’activités. Des actes que nous avons trouvés sur place, posés par l’ancien régime alors que nous avons la responsabilité de gouverner ce pays pour les 5 prochaines années. Cependant, il s’est réjoui de constater que la crédibilité du Sénégal n’a pas été affectée et continue de bénéficier de la confiance des bailleurs.
 
D’autres baisses des prix attendues
 
Revenant sur la décision du gouvernement de baisser les prix des denrées de consommation courante, le président Diomaye Faye n’a pas manqué de rappeler la position des pourfendeurs qui disaient qu’il était impossible de baisser les prix. « Ils ne savaient pas que nous ne croyons pas à l’impossible. Nous avons cherché des ressources, alloué des ressources dans des secteurs plus urgents, en plus de renoncer à certaines recettes et discuter avec les partenaires sociaux. Notre engagement à soulager les Sénégalais va continuer. On a certes baissé les prix une première fois ; que les Sénégalais attendent d’autres baisses dans les prochains mois», indique le chef de l’Etat qui annonce une agence de centralisation de la commande de l’Etat.
 
 
 
Deux choses resteront des priorités : payer les impôts et s’assurer que ces impôts aillent vers les populations
 
En outre, le chef de l’Etat n’a pas manqué d’informer de sa préoccupation à soutenir et accompagner le secteur privé qui, dit-il, doit aussi jouer le jeu en payant ses impôts. «Tant que je serai à la tête du pays, deux choses resteront des priorités : contribuer à l’effort collectif en payant les impôts et une fois ces impôts versés au Trésor public, qu’on s’assure que ces impôts aillent aux populations à défaut les contrevenants seront sanctionnés conformément à la loi», assure-t-il.
 
 
Suppression de certaines institutions
 
S’agissant de la rationalisation du train de vie de l’Etat qui passe par la suppression des certaines institutions, le chef de l’Etat rassure. «Nous n’avons pas changé d’avis. C’est des institutions qui sont prévues par les lois et pour les changer il faut changer la charte fondamentale ou certaines lois et il faut une majorité qualifiée pour le faire. On doit prendre notre temps. Nous sommes sortis de la logique des urgences pour une logique de long terme ; prendre le temps pour s’assurer qu’on fait les meilleurs choix pour le Sénégal. La rationalisation du train de vie de l’Etat ne signifie pas supprimer le Hcct et le Cese», explique Bassirou Diomaye Faye, qui émet sur la même longueur d’onde que le Fmi par rapport aux subventions qui, dit-il, ne doivent pas bénéficier à tout le monde. 
 
Diomaye sur les audits : «je ne suis pas dans une logique de vengeance»
 
Concernant les rapports d’audits, il informe que les corps de contrôle font leur travail en plus des rapports qu’il a trouvés à son arrivée. «Avec moi le travail du procureur ne sera pas enfreint. Mais, je ne suis pas dans une logique de vengeance. J’ai pardonné pour ce qu’on m’a fait subir», indique le chef de l’Etat, avant d’ajouter : «pour poursuivre quelqu’un aussi, il faut avoir une raison de le faire. On ne peut se plaindre sur le fonctionnement de la justice au point d’appeler à un dialogue et vouloir poursuivre des personnes pour satisfaire l’exigence de certains», précise le Président Faye.
 
Il y aura renégociation des contrats
 
Concernant la contractualisation, le chef de l’Etat estime qu’il faut un bénéfice mutuel. « Ma conviction est qu’on aurait pu mieux négocier les contrats parce que d'autres pays africains ont mieux négocié pour disposer du maximum possible sur leurs ressources. La stratégie qui reste, c’est de revoir les postes de renégociation surtout après la disponibilité de la ressource, voir comment profiter de cette ressource pour développer d’autres secteurs d’activités pour éviter le syndrome hollandais. Il faut profiter du pétrole et du gaz pour développer des secteurs plus névralgiques que sont l’agriculture, la pêche, la formation professionnelle, les métiers du numérique et augmenter nos parts dans le cadre d’une renégociation. Ils disent qu’on ne peut pas renégocier les contrats. Je vous le dis :  il y aura renégociation des contrats portant sur nos ressources naturelles et on verra la part du Sénégal avant et après la renégociation. Un pays comme le Mali l’a fait avec des experts sénégalais ; pourquoi pas le Sénégal ? », lance le Président Diomaye. A l’en croire, le code pétrolier doit être plus avantageux pour attirer les investisseurs, mais après la disponibilité de la ressource, il faut s’arrêter et faire de nouveaux contrats.
 
On n’a plus assez de marges, mais on est obligé de recourir à la dette
 
Le chef de l’Etat a relevé la fragilité économique de nos pays qui, dit-il, n’ont jamais assez de ressources pour faire face aux urgences qui sont partout. «Le principal défi reste la mobilisation des ressources à travers la fiscalité intérieure, les droits de porte et l’endettement où on n’a plus assez de marges ; mais on est obligé d’y recourir. L’essentiel est de travailler à garder la signature du Sénégal crédible pour qu’à chaque fois que le recours au marché international ou sous régionale s’impose, qu’on puisse obtenir ce que nous voulons parce que nous le pouvons», indique le chef de l’Etat.
 
Des rapports sincères avec les partenaires
 
Quant aux relations avec les institutions de Breton Woods, le président Faye révèle qu’elles sont des partenaires avec qui ils sont en train de travailler. «Nous voulons avec eux des rapports sincères. Nous travaillons à ce que nous présentons reflète la situation financière. Je ne les considère pas comme des boucs émissaires. Il y a ce qui ressort de notre responsabilité : la gouvernance, la transparence et la reddition des comptes. On ne peut pas les imputer au Fmi. Quand on considère que ce que la Banque mondiale ou le Fmi nous impose de faire ne va pas dans le sens des intérêts du Sénégal ou du peuple sénégalais, on leur fera clairement savoir par des arguments objectifs sur la table que cette option n’est pas la meilleure pour nous et que voilà l’option alternative que nous proposons. Ils comprendront et nous soutiendront dans cette démarche», explique le Président Diomaye.
 
M. CISS
 
 
 
 
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