Dans un contexte marqué par des promesses non encore concrétisées, l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas) And Gueusseum dévoile un quatrième plan d’actions musclé, alternant assemblées générales, marches régionales et mobilisation nationale. L’objectif, forcer les autorités à matérialiser les accords résiduels et corriger les injustices qui gangrènent le secteur de la santé au Sénégal.
Le bras de fer entre l’État du Sénégal et l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas) And Gueusseum est loin de connaître son épilogue. Malgré quelques avancées notées dans la mise en œuvre des engagements antérieurs, les membres du directoire national de And Gueusseum, visiblement encore frustrés par la lenteur des autorités, viennent d’annoncer un quatrième plan d’actions pour relancer leur lutte syndicale. Ce plan, qui s’étendra du 31 juillet au 23 août 2025, marque un tournant décisif dans la mobilisation du secteur de la santé pour obtenir justice et équité.
Dans un communiqué rendu public le 24 juillet, le directoire de And Gueusseum dresse un bilan en demi-teinte du précédent plan d’actions, notamment du sit-in national du 17 juillet. Si l'engagement d’une frange des militants est salué, le directoire n’a pas manqué de pointer du doigt l’attitude jugée attentiste, voire déviante, de certains camarades qui ont transformé la mobilisation en grève déguisée. « Le sit-in, même s’il dure toute une matinée, reste une forme d’expression légitime du mécontentement. Il doit être appliqué avec rigueur et discipline », rappelle-t-il dans un ton empreint de fermeté.
Ce rappel à l’ordre s’accompagne d’une reconnaissance forte pour ceux qui ont su porter haut les couleurs du syndicat. La participation du président au grand sit-in de Ourossogui est saluée, de même que le retour dans les rangs des syndicalistes de Amadou Lamine Sano et Youssou Diop après trois longues années de lutte acharnée.
Mais la satisfaction s’arrête là. Le directoire ne cache pas sa colère face à ce qu’il qualifie de « protocole de compromission, d’exclusion et d’enterrement du passif social » mis en œuvre par le ministre des Collectivités territoriales, Moussa Bala Fofana. Une dénonciation qui traduit le profond malaise ressenti dans les rangs des travailleurs de la santé, notamment ceux relevant des collectivités locales, souvent laissés pour compte dans les réformes.
Toutefois, le syndicat concède quelques avancées notables : la tenue d’ateliers ministériels visant la requalification des Aides sociaux en Assistants sociaux, l’annonce de sessions sur la révision de la formation des assistants infirmiers, sur la nomenclature des actes professionnels, et sur le statut des centres régionaux de formation (Crfs). Des efforts que le directoire dit « apprécier à leur juste mesure », mais qui restent largement insuffisants au regard des attentes.
Les zones d’ombre sont nombreuses. En particulier, le syndicat déplore le retard « inquiétant dans la signature du décret d’intégration des techniciens supérieurs de la santé dans la hiérarchie A2 ». Plus préoccupante encore est, selon And Gueusseum, la « rétention délibérée d’informations sur les rallonges budgétaires prévues dans la Loi de finance rectificative (Lfr) 2025. Ces fonds sont censés soutenir les augmentations salariales des contractuels des Établissements publics de santé et des travailleurs des collectivités territoriales ». Autant de blocages qui alimentent la frustration et renforcent la détermination du mouvement syndical.
C’est dans ce climat d’attente mêlé d’exaspération que s’inscrit le nouveau plan d’actions du directoire. Déployé en quatre étapes clés, il commence par « des assemblées générales régionales et des points de presse pour vulgariser la plateforme minimale de revendications ». S’ensuivront « des marches régionales à la carte entre le 31 juillet et le 20 août, avant le grand moment fort : une marche nationale prévue le mercredi 21 août. Le dispositif s’achèvera deux jours plus tard, le samedi 23 août, avec une évaluation globale de la mobilisation » annonce le communiqué.
And Gueusseum insiste sur le fait qu’il « ne s’inscrit ni dans le nihilisme ni dans un jusqu’au-boutisme stérile ». Fidèle à sa stratégie d’action raisonnée mais ferme, le syndicat annonce « maintenir la pression, tout en observant avec attention les prochaines étapes gouvernementales. Le respect du calendrier des sessions annoncées et la considération du contexte religieux, notamment le Grand Magal de Touba qui illustrent cette volonté de concilier engagement syndical et responsabilité sociale » rassure le directoire.
Baye Modou SARR