Le Parti socialiste a procédé samedi dernier à la rentrée solennelle de son École du parti. Sous le thème : «une nouvelle gauche pour le Sénégal : La part de l’éducation et de la formation pour le renouveau socialiste», cette session a vu la participation de beaucoup de responsables. Une occasion saisie par Alioune Ndoye pour appeler son parti à une profonde réinvention pour faire face aux défis de l’heure.
Après 12 années d’alliance avec le Président Macky Sall, le Parti socialiste va devoir se recentrer pour maximiser ses chances dans l’opposition. Dans cette perspective, les héritiers de Senghor, qui travaillent depuis plusieurs mois à la réunification de la gauche sénégalaise, ont vu qu’il leur faudra se départir de certaines habitudes organisationnelles pour exister dans le nouveau schéma politique. Le maire de Dakar-Plateau et directeur de l’Ecole du Parti socialiste, qui intervenait samedi dernier à la cérémonie de la rentrée solennelle de l’Ecole du parti, a fait savoir : «nous restons plus que jamais attachés au socialisme et à ses valeurs. Mais devons-nous figer le socialisme malgré les nouveaux défis qui se dressent devant nous ? Ou, au contraire, devons-nous prendre nos responsabilités et entreprendre les innovations qu’exigent les mutations de notre époque ?», s'est interrogé Alioune Ndoye.
«La gauche a perdu du terrain parce qu’elle n’a pas su se réinventer»
Selon lui, le Parti socialiste n’a d’autre choix que de se renouveler pour exister. «L’alternative qui s’offre au Parti socialiste et plus généralement à la gauche sénégalaise, se pose en ces termes clairs : se réinventer ou disparaître». Alioune Ndoye pense que «la gauche sénégalaise a perdu du terrain parce qu’elle n’a pas su se réinventer dans un monde qui change très vite. C’est aussi parce qu’elle n’a pas pu renouveler ses idées. C’est enfin faute de n’avoir pas su répondre aux attentes des populations», a-t-il affirmé.
«Notre avenir ne réside pas non plus dans l’imposture (…) ni dans le populisme»
D’après Alioune Ndoye, si le Parti socialiste et la gauche veulent exister, ils doivent abandonner les vieux schémas et tirer les leçons du passé. «Notre avenir ne réside pas non plus dans l’imposture qui se contente de s’adapter au discours ambiant, ni dans le populisme qui consiste à proposer des recettes simplistes à des problèmes complexes», dira-t-il avant de lancer des piques au nouveau régime. «Le discours populiste dans un contexte politique extrêmement troublé a indéniablement séduit. Mais souvent, plus comme une sanction que comme l’adhésion à un projet politique», clarifie Ndoye.
«Le discours populiste a indéniablement séduit, mais…»
Cependant, Alioune Ndoye invite ses camarades de parti à «refuser que l’espace politique soit parasité par le prétendu clivage entre les patriotes et les non patriotes». L’ancien ministre de l’Environnement propose à cet effet, une alternative démocratique fondée sur une confrontation des projets et le débat d’idées pour faire vivre la démocratie.
Son intime conviction, c’est qu’il y a bien une place pour le socialisme et pour la gauche. «Mais, entendons-nous, il ne s’agit pas d’être dans une posture d’opposition systématique, parce qu’elle stérilise le débat et asphyxie la démocratie», précise-t-il.
Nd. Kh. D. F