AID EL-FITR A KALUGA: Immersion au cœur de la célébration de la Korité par des musulmans russes



 
L’Aïd el-Fitr est une fête commune à toutes les nations musulmanes. Si elle marque la fin du Ramadan, avec au Sénégal poulets et sanglé (Lakh), en Russie, c’est avec «plouf» (ceebu yap) et pâtisseries à foison qu’on fête cette importante journée. Mais aussi bien au Sénégal que partout ailleurs, Aïd el-Fitr rime avec partage. Reportage à Kaluga.
 
 
 
L’Aïd el-Fitr, communément appelé chez nous Korité, est l’une des plus grandes fêtes célébrées par les musulmans du monde entier. Après un mois de jeûne et d’abstinence durant le Ramadan, les fidèles ont marqué la fin du mois saint en le célébrant ce vendredi presque dans le monde entier. En (bon) musulman pratiquant, nous nous sommes rendus pour la prière à la seule mosquée Sunna de cette ville de Kaluga où l’équipe nationale du Sénégal a érigé son camp de base pour le Mondial 2018.
7h30mn (heure locale, 4h30 Gmt). En compagnie du photographe Cheikh Tidiane Ndiaye, des deux reporters de «L’Obs» Idrissa Sané (journaliste) et Adama Doucouré (photographe), nous embarquons dans un taxi après avoir éprouvé toutes les peines du monde à localiser la mosquée. Le taximan, grâce à son GPS, finit par nous conduire au bon endroit. Malheureusement, pour nous, on arrive en retard. Les fidèles ont déjà effectué la prière. Déçus, certes, on entre quand même dans l’enceinte par simple curiosité. Un jeune homme, à l’aide d’un balai, nettoie la devanture de la mosquée. Et dès que nous franchissons le portail de la mosquée, avec nos salamalecs, nos hôtes, tous âges confondus, nous accueillent à bras ouverts. On s’enlace, s’embrasse et ils nous invitent à prendre le petit-déjeuner. Une fois à l’intérieur, tous les regards sont braqués sur nous, avec encore des mots de bienvenue en arabe : «Heuni ane ! Markhaban bikoum (Soyez les bienvenus).
Des gens assis à même le sol se faisant face en deux longues rangées, mangeaient, discutaient de tout et de rien et faisaient la fête. Chacun voulait nous voir assis à côté de lui. Un accueil chaleureux qui nous a ravis. On s’installe autour de la natte pour prendre part à la dégustation. Dans chacune de ces communautés, les musulmans prennent un grand soin à organiser ce cérémonial initié par le Prophète (PSL).
 
 
Pâtisseries à foison, dattes et la soupe pour célébrer la fête
 
Si au Sénégal, on démarre la fête le matin avec du sanglé (lakh) ou autre, le rituel est quelque peu diffèrent en Russie. C’est autour de pâtisseries à foison, de dattes et de la soupe qu’ils célèbrent la fête. Dans une ambiance bon enfant, ces musulmans composés de Russes, de Tatares, d’Ouzbeks et même de Mongols, nous questionnent sur nos origines, l’Islam, notre pays, avant de terminer avec des selfies.
 
Redouane, imam de la Mosquée Sunna de Kaluga : «j’ai prié pour la victoire du Sénégal»
 
 Le mufti Redouane, imam de la mosquée, un Russe d’origine tchétchène, la cinquantaine, nous accorde un petit entretien. A l’entame de son discours, il a avant tout formulé des prières pour la sélection nationale du Sénégal qui joue mardi contre la Pologne. «Oui, bien sûr ! Nous allons formuler des prières pour la victoire du Sénégal», nous lance-t-il avec un grand sourire. «Le Sénégal est un pays que je connais. Il est composé de musulmans dans sa majorité et il a une frontière avec la Mauritanie et parle la langue française», ajoute l’imam. L’oblast de Kaluga, situé dans le district fédéral du Centre, parmi les 18 unités administratives de Russie, compte 342.900 habitants dont 3.000 musulmans russes originaires de l’Ouzbékistan, de Daghestan, du Soudan de la Tchétchénie ou de la République Tatare. Et pratiquer l’islam dans cette localité n’est pas compliqué. «On ne rencontre pratiquement pas de problème. Nous sommes libres de pratiquer la religion sans aucune pression extérieure», assure le mufti Redouane qui a appris le Coran en Tchétchénie, mais les écoles coraniques sont nombreuses à Moscou.
Alors que le terrorisme est devenu l’un des problèmes majeurs des Européens, l’imam de la mosquée Sunna s’en désole. Selon lui, l’islam et le terrorisme ne font pas bon ménage. «Seuls les ignorants associent l’islam au terrorisme, mais qui connait cette religion sait qu’elle prône la paix, l’amour de son prochain et surtout la tolérance. La preuve, nous avons une bonne cohabitation avec les chrétiens et autres», indique l’imam.
 
Parents, enfants et petits-enfants autour d’une natte garnie d’une panoplie de repas
 
Le débat est clos. Après un bref retour à l’hôtel, nous sommes revenus à la mosquée pour la prière du vendredi. Les fidèles venus de plusieurs coins ont écouté attentivement le sermon de l’imam. La prière du Jummah terminée, on se rend chez quelques fidèles qui ont insisté à nous inviter dans leur demeure pour partager le repas. Attachement aux liens familiaux et à la religion sont ainsi de mise en ce jour de fête. Tradition oblige, pour cette journée de fête, la famille doit être au grand complet. Parents, enfants et petits-enfants, tous se réunissent autour de la même natte garnie d’une panoplie de «repas», plus succulents les uns que les autres, plus précisément le plouf (russe) qui ressemble à notre «ceebu yap», des bonbons, des pâtisseries à foison, spécialement préparées pour célébrer cette fête religieuse dans une ambiance familiale et chaleureuse, mais qui fut aussi une belle découverte pour nous.
 
 


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