AFFAIRE SWEET BEAUTY Colère noire des robes noires devant le cabinet du juge ; Sonko toujours dans le noir revient lundi



Le face-à-face hier entre Ousmane Sonko et le Doyen des juges d’instruction ne s’est pas passé sereinement et sans heurts. Le leader de Pastef a eu un moment de «tête à tête» avec le magistrat instructeur qui a eu l’effet de susciter la colère de ses avocats qui n’ont pas été autorisés à accéder au bureau du juge. Furax, ces derniers ont fait un boucan ameutant le bâtonnier de l’Ordre des avocats qui a fait le déplacement pour mettre les points sur les «i» avec le juge d’instruction. Cette page tournée, l’opposant politique s’est vu notifier directement son inculpation pour le fait de viol et menaces. Ayant 24 heures pour constituer conseils, le juge a remis l’audition à lundi.
 
La journée d’hier a été mouvementée et pleine de péripéties pour Ousmane Sonko et ses avocats. Pour le leader du Pastef, cette journée a commencé très tôt, à 4heures 45 minutes, moment auquel il a quitté la Section de recherches pour être conduit dans un lieu que personne ne sait. Les avocats qui ignoraient l’endroit où se trouvait leur client, puisque ne l’ayant pas trouvé à la cave, ont ameuté tout le monde avant d’apprendre par la suite que leur client se trouvait au poste de gendarmerie à l’entrée du palais de justice. Les avocats ont été rassurés par leur client qui leur a fait savoir qu’il se portait bien et qu’il était serein.Ouf de soulagement. Mais ce n’était que le début des ennuis.
A 11 heures, le Doyen des juges a demandé qu’on lui amène Ousmane Sonko, ses avocats qui attendaient à la porte du bureau du juge ont été informés par les éléments du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (Gign) qu’ils n’étaient pas autorisés à entrer. Suffisant pour susciter le courroux des avocats qui crient au scandale. Selon eux, le Doyen des juges a violé le règlement 5 de l’Uemoa qui exige la présence de l’avocat, surtout dans le cas d’espèce ou les faits sont criminels.
 
Le bâtonnier intervient en sapeur-pompier et calme les ardeurs
 
Le Doyen des juges a-t-il considéré dans un premier temps qu’il avait affaire à un témoin et que, dans ces conditions, ledit témoin, en l’occurrence Ousmane Sonko, n’avait pas besoin d’avocats ? Car, faut-il le rappeler, dans le réquisitoire du Procureur, ce dernier a visé X, du coup, Ousmane Sonko, à l’entame de la procédure, ne doit être que simple témoin. Seulement, le juge Samba Sall a vite changé de lunettes pour considérer que X était Ousmane Sonko, et qu’il n’est plus considéré comme témoin, mais plutôt comme inculpé. Il a notifié au leader de Pastef son inculpation, mais ce dernier ne pouvait piper mot conformément aux conseilsde ses avocats. Pendant près de 30 minutes, les deux hommes étaient dans le bureau du Doyen des juges alors que les avocats tambourinaientà la porte. Informé, le bâtonnier de l’Ordre des avocats a dépêché le secrétaire général de l’Ordre, Me Ibrahima Ndiéguène, qui est allé voir le juge pour lui dire qu’il n’avait pas le droit de s’enfermer avec Ousmane Sonko en isolant ses avocats. Finalement, Me Papa Laïty Ndiaye fera lui-même le déplacement et a mis les points sur les «i» avec le juge d’instruction. «Le bâtonnier a clairement dit au Doyen que ce qu’il a fait ne repose sur aucun fondement juridique ; qu’il a violé la loi et même les règles de l’élégance», nous souffle, dépité, un des conseils d’Ousmane Sonko.
Et finalement, les avocats ont été autorisés à accéder à l’intérieur du bureau.
 
Une autre demande de levée de l’immunité déposée à l’Assemblée nationale depuis le 2 mars, selon la défense
 
Le magistrat instructeur a notifié à l’opposant politique qu’il allait être inculpé pour cette affaire de viol et qu’il avait 24 heures pour constituer conseils. Ce qui explique qu’il devra revenir lundi.
Par ailleurs, une procédure étant déjà ouverte concernant 19 personnes arrêtées lors de la première manifestation et qui sont déjà inculpées et placées sous mandat de dépôt, selon ce conseil du leader de Pastef, le juge a demandé la levée de l’immunité parlementaire du député Sonko, depuis le 2 mars dernier. Ce, afin de l’inculper à nouveau sur ce dossier. Car, selon notre interlocuteur, dans cette affaire, le Procureur a visé aussi X qui serait Ousmane Sonko qui est poursuivi pour appel à l’insurrection. Ici aussi, le Procureur a requis le mandat de dépôt.
 
 
Alassane DRAME
 
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