La léthargie dans l’affaire Farba Ngom inquiète, non seulement la personne elle-même ou ses avocats, mais également ses proches. Loin de croiser les bras et d’attendre, Me Moussa Bocar Thiam a saisi l’Inspection générale de l’administration de la justice (Igaj) pour dénoncer le comportement du juge d’instruction Idrissa Diarra. Thiam accuse le Doyen des juges d’instruction du Pool judiciaire financier des faits d’acte arbitraire et d’attentat à la liberté, de mise en danger de la vie d’autrui, de manquements à l’impartialité, à la loyauté et la conscience professionnelle. Il souhaite que le magistrat instructeur soit exclu de ses fonctions. Le refus de la mainlevée du mandat de dépôt, malgré les avis des experts ainsi que le fait qu’après 9 mois de détention, le maire des Agnam ne soit pas encore entendu sur le fond.
A côté de la procédure de cassation intentée par les conseils de Farba Ngom qui attaquent ainsi l’arrêt de la Chambre d’accusation financière et pour lequel, ils attendent d’être convoqués par la Cour suprême, une autre action vient d’être enclenchée, hier, mais cette fois, par Me Moussa Bocar Thiam. Un tiers dans le dossier, certes, mais en sa qualité d’ancien ministre de la République et responsable politique, il a saisi, par lettre datée du 11 novembre dernier, l’Inspection générale de l’administration de la justice (Igaj) pour se plaindre du comportement du juge Idrissa Diarra, concernant ce dossier. Dans ladite lettre, Me Moussa Bocar Thiam a visé les faits d’acte arbitraire et d’attentat à la liberté, de mise en danger de la vie d’autrui, de manquements à l’impartialité, à la loyauté et à la conscience professionnelle. En réalité, c’est la léthargie qui sied dans ce dossier qui a suscité la saisine de l’Igaj, par l’ancien ministre de la République. Le plaignant sollicite de l’Igaj, conformément à ses compétences, d’effectuer une enquête sur le comportement du Doyen des juges d’instruction dans cette affaire.
D’abord sur l’arbitraire et l’attentat à la liberté. Selon Me Moussa Bocar Thiam, c’est caractérisé par le refus de la mise liberté de Farba Ngom qui n’est pas justifié, en dépit des rapports médicaux des experts. Pour l’avocat, c’est clair, ce comportement est constitutif des faits d’attentat à la liberté, de mise en danger de la vie d’autrui et de non-assistance à personne en danger. Dans sa dénonciation, l’ancien ministre a évoqué les rapports des médecins qui ont tous conclu à une incompatibilité de l’état de santé de Farba Ngom avec la vie en milieu carcéral. Les experts ont écrit noir sur blanc que le maire des Agnam court un risque de mort subite en plein sommeil. Et malgré tout, fustige-t-il, le magistrat instructeur refuse d’ordonner la mainlevée du mandat de dépôt ; il l’a orienté vers le pavillon spécial qui, selon lui, fait toujours partie du milieu carcéral. Cela est suffisamment caractéristique des délits visés plus haut. Etant donné le statut de fonctionnaire public, du magistrat, Me Moussa Bocar Thiam vise l’article 106 du code pénal qui dispose : « lorsqu’un fonctionnaire public, un agent, un préposé ou un membre du gouvernement aura ordonné ou fait quelque acte arbitraire ou attentatoire soit à la liberté individuelle soit aux droits civiques d’un ou de plusieurs citoyens, soit à la Constitution, il sera condamné à la peine de la dégradation civique ». En clair, l’ancien ministre sollicite que l’Igaj constate après enquête les faits visés et exclut le magistrat de ses fonctions.
«Le juge Diarra devrait être condamné à la peine de dégradation civique»
En outre, l’ancien ministre de la Communication dénonce une inertie volontaire dans la procédure d’information et une déloyauté manifeste contraire à la déontologie des magistrats, de la part du juge Idrissa Diarra. Me Moussa Bocar Thiam souligne qu’après 9 mois, le député maire n’a toujours pas été entendu ni confronté à ses accusateurs et ses offres de cautionnement sont toujours rejetées. Pour lui, c’est un stratagème délibéré pour maintenir Farba Ngom en détention. Le juge a refusé les titres proposés en cautionnement alors qu’il a ordonné la saisie de ses mêmes titres jugés non effectifs pour garantir la mise en liberté de Farba Ngom. Selon Moussa Bocar Thiam, le juge Diarra a manqué à ses obligations déontologiques pour satisfaire des désirs politiques de l’exécutif.
Alassane DRAME