AFFAIRE DES GADGETS CONTENANT DE LA BOISSON ALCOOLISÉE : L'importateur Ali Halil ainsi que d'autres commerçants écopent de peines allant de 6 mois ferme à 1 an ferme



 Attraits devant la barre des flagrants délits de Dakar hier, les prévenus impliqués dans l'affaire des gadgets contenant de la boisson alcoolisée ont à l'instar de l'importateur, Ali Halil, écopé de peines allant de 6 mois ferme à 1 an ferme. Seul l'un deux a été relaxé. Ils étaient poursuivis pour mise en vente de boissons alcoolisées et mise en danger de la vie d'autrui.

Suite à deux renvois pour la jonction de dossiers, l'affaire des gadgets contenant de la boisson alcoolisée vendus à des enfants a été finalement jugée hier, 29 décembre, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Ainsi, l'importateur dudit produit, le Libanais Ali Halil ainsi que ses autres codétenus, à savoir Sylvie Dasylva, Mamadou Ba, Ahmed Houssein et Aïdara Garaye, ont été jugés hier pour des faits de mise en vente de boissons alcoolisées et mise en danger de la vie d'autrui. Face au juge, ils ont nié unanimement les faits qui leur sont reprochés.

Ali Halil : «je croyais qu’il s’agit d’un jus»

Importateur du produit prohibé, le commerçant Ali Halil soutient : «je croyais qu’il s’agit d’un jus. Mais, j'ignorais que c'était de l'alcool. D’ailleurs, mes enfants l’ont consommé et ils n’ont pas dormi. Moi-même, j'ai eu à le goûter», dit-il. Avant d'ajouter : «lors de la perquisition, les agents n’ont pas trouvé ces gadgets alcoolisés dans mes locaux. Mais, je reconnais avoir vendu 15 cartons à Rouguiyatou Diallo. Le produit alcoolisé vient de la Gambie, mais j’avoue que je n’ai pas d’autorisation pour sa commercialisation ni de facture», a-t-il révélé. Employé du sieur Halil, Ahmed Houssam, pour disculper son patron, dira : «je travaille pour Ali Halil. Je gère le local situé au croisement Cambérène, mais les agents n’ont rien trouvé lors de la fouille». À son tour, l'agent commercial Sylvie Dasylva soutient : «j’étais au marché Keur Massar. Je suis employée de Halil. C’est moi qui distribuais les produits aux détaillants. De ce fait, j'ai livré à Rufisque…».
Quant à Aïdara Garaye, il a devant le prétoire révélé qu'il est un détaillant qui a acheté auprès de Sylvie trois cartons de gadgets contenant de la boisson alcoolisée. S'agissant du boutiquier Mamadou Ba, il a déclaré s'être ravitaillé à la boutique de Garaye Aïdara. «Quand Mansour Mbaye est venu me dire que le produit contenait de l’alcool, j’ai arrêté la vente. Et j’ai dissimulé la marchandise dans des sacs. Il est venu me voir le lundi et j’ai été arrêté le mercredi. C’est des jouets en forme de pistolets», a ajouté le boutiquier.

Fatou Guèye : «après avoir bu le jus, un de mes enfants m’a demandé de lui donner son sac pour aller à l’école alors qu’il le portait déjà»

Mère des enfants qui ont consommé cet alcool, Fatou Guèye est revenue sur la manière dont elle a découvert les faits. «Mes enfants, revenant du cours du soir, le lundi, ont dormi. Mais, le mercredi, Ndiaga m’a demandé de lui donner son sac pour aller à l’école alors qu’il avait déjà porté celui-ci. Le vendredi, je l’ai surpris en train de boire le jus. Et quand je lui ai demandé, il m’a dit que c’est de la boisson. Quand j’ai constaté le sommeil prolongé de mes enfants, je me suis rapprochée du boutiquier. Ce dernier m'a avoué leur avoir vendu les jouets. Mais, je ne les ai pas conduits à l’hôpital», a narré la partie civile.

Me Massokhna Kane : «c’est de la délinquance économique au détriment de la santé publique»

Conseil de l'Association des consommateurs, Me Massokhna Kane a, dans sa plaidoirie, souligné que c’est de la délinquance économique au détriment de la santé publique. Plus encore, la robe noire a affirmé qu'il y a tromperie sur le prix. «On a voulu qu’il ait cette attraction. Et c’est pourquoi ils l’ont présenté sous forme de jouets. Ils ont mis en danger la vie des enfants et ils ont fait de la contrebande. Ils ont vendu un produit impropre», a fait observer l'avocat qui a au passage réclamé 5 millions F Cfa pour Fatou Guèye puisque, dit-il, on ne sait pas ce qui va se passer dans l’organisme des enfants.

Le procureur révèle : «le produit contenait 6 degrés d’alcool»

Le procureur a pour sa part relevé que le produit, lorsqu'il a été examiné, s’est avéré contenir 6 degrés d’alcool. Au regard de cette observation parmi tant d'autres, il a requis la relaxe pour Ahmed Houssein, 1 mois assorti du sursis pour Sylvie Dasylva et la peine d'un an ferme pour les autres. Les avocats de la défense ont demandé la relaxe pour certains et une application bienveillante de la loi pour d'autres. Au final, le tribunal a relaxé Ahmed Houssein puis condamné Sylvie Dasylva à 1 an dont 6 mois ferme avant d'infliger la peine d'un an ferme à l'importateur ainsi qu'aux autres.
Pour rappel, cette affaire a été ébruitée suite à une alerte lancée sur les réseaux sociaux à travers une vidéo largement partagée par les internautes. Un homme y racontait que son enfant s’était endormi après avoir bu le liquide qui sentait de l’alcool. Suite à cela, les laboratoires du ministère du Commerce ont procédé à l’analyse de ces gadgets et du liquide qu’ils contiennent. Les résultats ont montré que le liquide avait un goût fruité apparenté à de l’alcool. Les investigations ouvertes par les éléments enquêteurs ont abouti à l’arrestation d’un commerçant qui, interrogé, soutient avoir acheté ces jouets livrés par une voiture devant sa boutique sans facture d’achat.

Fatou D. DIONE
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