Entre les pirouettes de l’Agence nationale de la réglementation pharmaceutique dans l’affaire Softcare et les remontrances de l’équipe des pharmaciens inspecteurs de l’usine Softcare en service à l’Arp qui a confirmé la présence de matières premières périmées dans le processus de fabrication des couches et serviettes hygiéniques, la tutelle a décidé de renvoyer dos à dos les parties et d’annoncer une mission conjointe à Softcare pour tirer cette polémique au clair.
Depuis que l’Agence sénégalaise de la réglementation pharmaceutique (Arp) a révélé la présence de matières premières périmées dans le circuit de fabrication des couches et autres serviettes hygiéniques de marque Softcare et le retrait de ces produits pour des raisons de santé publique, l’on assiste depuis lors à des rebondissements aux allures de pirouette dont le chef d’orchestre n’est autre que l'Arp. En effet, après ce communiqué retentissant du 8 décembre qui a suscité l’indignation, l’Arp est revenue, une semaine plus tard, pour se dédire, affirmant que « les couches et serviettes hygiéniques sont jugées conformes, propres à la consommation et peuvent être mis sur le marché ». En effet, l’Arp dit constater que les matières premières périmées n'ont pas été intégrées dans le processus de production. Face à ces positions antagoniques de la même agence, l’équipe des pharmaciens inspecteurs de l’usine Softcare en service à l’Arp est montée au créneau pour déchirer le dernier communiqué de l’Agence sénégalaise de la réglementation pharmaceutique daté du 16 décembre dernier.
Le rapport confirme les non-conformités notées lors de l'inspection précédent
Pour ces inspecteurs, le communiqué en question ne reflète pas la réalité des faits lors de l'inspection de suivi de l'usine Softcare. « Ce communiqué montrant les images des inspecteurs et des gendarmes n'engage et ne lie pas les inspecteurs. Il ne peut en aucun cas précéder le rapport d'inspection issu de la direction compétente. Les inspecteurs s'inscrivent en porte à faux avec le contenu du communiqué qui ternit leur image de gardiens de la réglementation », charge l’équipe des inspecteurs, loin d’en finir avec l’Arp. « Le rapport de la mission conjointe n'était pas encore finalisé, clôturé et soumis à la Direction générale pour transmission à l'inspecté. Les inspecteurs tiennent à préciser que le rapport officiel qu'ils ont signé et transmis après examen des dossiers, visite des locaux et entretien avec les responsables de Softcare s'est fait conformément aux procédures réglementaires en vigueur. Ledit rapport contredit le contenu du communiqué de la cellule et confirme à nouveau sans ambages les non-conformités notées lors de l'inspection précédente, notamment la présence de matières premières périmées dans le processus de fabrication des couches et serviettes hygiéniques destinées à la population », martèle l’équipe des inspecteurs.
Le maintien du retrait des produits sur le marché reste en vigueur
Poursuivant, l’équipe des inspecteurs n’a pas manqué de rappeler que seuls les rapports techniques validés par la Disv compétente font foi devant la loi et dans l'évaluation de la conformité des établissements pharmaceutiques pour préserver la santé des populations et garantir la qualité, l'efficacité et la sécurité des produits. Suffisant pour les inspecteurs de confirmer que le maintien du retrait des produits sur le marché reste en vigueur jusqu'à la mise en conformité de l'usine.
La tutelle annonce une mission conjointe pour faire la lumière sur cette polémique
En dépit de cette position tranchée de l’équipe des inspecteurs, le ministre de la Santé a décidé de rebattre les cartes et d’annoncer une mission conjointe en étroite collaboration avec le ministère du Commerce et de l'Industrie en vue de faire toute la lumière sur cette polémique qui a fini de s’installer dans l'espace public et suscitant de nombreuses interrogations. « Le ministre de la Santé s'engage à revenir vers le public avec des informations précises, vérifiées et conformes à la réalité, dans un souci de transparence et de responsabilité. Le ministère prendra toutes les mesures correctives nécessaires, conformément aux textes en vigueur et dans le respect des principes de justice et d'équité », renseigne le communiqué de la tutelle.
M. CISS
GUY MARIUS SAGNA, DEPUTE
« Le gouvernement du Sénégal doit siffler la fin de la récréation en changeant le directeur de l'Arp »
Le député de Pastef Guy Marius Sagna n’y va pas par quatre chemins pour demander que le Directeur de l’Arp soit démis, à la suite de cette affaire dite Softcare. « Le gouvernement du Sénégal doit siffler la fin de la récréation en changeant le Directeur de l'Arp et en retirant les produits Softcare du marché », préconise le député qui rappelle avoir interpellé le ministre de la Santé sur la gestion du patron de l’Arp. « L’actuel Directeur général de l'Arp a-t-il été épinglé ou pas ? À mon interpellation en Commission parlementaire à l'Assemblée nationale, le ministre m'a répondu par un sourire qui en disait long », rappelle le député. A l’en croire, un bon gouvernement est celui qui fait de petites erreurs, qui les reconnaît, s'excuse auprès du peuple quand il en fait, corrige ses erreurs et ne les répète plus jamais. « Nous attachons, dit-il, du prix à la santé des femmes et des bébés qui sont sur le territoire du Sénégal ».
M.C