AEROPORT INTERNATIONAL BLAISE DIAGNE : Un collectif des travailleurs conteste le plan de licenciement du Dg et propose des alternatives




 
 
 
L’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) traverse une zone de turbulences. La Direction générale a récemment annoncé un plan de sauvetage qui prévoit la suppression de plusieurs centaines d’emplois, invoquant des difficultés financières qualifiées de “sinistre financier”. Face à cette décision, un collectif des travailleurs menacés de licenciement s’est formé pour contester la légitimité du processus et proposer des solutions alternatives. Mohamed Mbaye, conseiller spécial du Directeur général et coordinateur du collectif, revient sur les enjeux de cette crise et les démarches entreprises par les employés pour défendre leurs droits et préserver l’avenir de l’aéroport. Il propose également des alternatives aux licenciements.
 
 
 
La Direction de l’Aibd a récemment annoncé un plan de sauvetage visant à réduire le personnel de l’aéroport. Cette décision suscite une vive contestation de la part d’un collectif de travailleurs qui remet en cause la légitimité du plan et les chiffres avancés par la direction.
 
 
Les chiffres contestés
 
 
 
Mohamed Mbaye, coordinateur du collectif des travailleurs de l’Aibd menacés de licenciement, conteste les chiffres avancés par la Direction générale. «Le nombre de travailleurs était déjà de 869 à l’arrivée du Directeur général Abdoulaye Dièye en novembre 2022, contrairement aux 275 annoncés». Il souligne également que «162 nouveaux agents ont été recrutés sous l’ère d’Abdoulaye Dièye et que ce chiffre figure sur les dossiers de passation de service», dit-il.
 
 
Une remise en cause des justifications économiques
 
 
 
La direction de l’Aibd justifie le plan de licenciement par des difficultés financières, affirmant qu’elle ne peut plus supporter les charges salariales de son personnel. Mais pour le collectif, cette explication ne tient pas. Mbaye et ses camarades sont catégoriques : «la vérité, c’est que la nouvelle direction cherche à libérer des postes pour procéder à de nouveaux recrutements». Mais aussi, disent-ils, la situation financière n’est pas si mauvaise que ça. Et pour cause, poursuivent les membres du collectif, «nous avons des preuves que l’État du Sénégal doit près de 70 milliards de francs Cfa à l’Aibd. Cet argent, initialement destiné à relancer les projets, a été absorbé par le Trésor public en raison de tensions de trésorerie», affirme Mohamed Mbaye. Il précise que l’Aibd avait levé des fonds à hauteur de 300 millions d’euros (environ 195 milliards de francs Cfa), mais qu’une grande partie a été récupérée par l’État.
 
 
Des alternatives aux licenciements
 
 
 
Face à cette situation, le collectif propose des solutions alternatives aux licenciements. «Le centre de contrôle aéronautique, en construction, pourrait créer entre 200 et 300 emplois et générer des revenus pour l’Aibd», avance Mohamed Mbaye. Il mentionne aussi le projet Aéroville, prévoyant la construction d’une ville autour de l’aéroport, qui pourrait attirer des investisseurs et fournir des recettes extra-aéronautiques. En attendant, le collectif a saisi l’Inspection du travail pour contester la légitimité des délégués du personnel ayant participé aux discussions avec la direction, leur mandat ayant expiré depuis quatre ans. Il réclame l’organisation de nouvelles élections avant toute décision sur un plan social.
 
Un bras de fer en perspective
 
 
La situation risque de se tendre davantage si la direction maintient son plan de licenciement. «Comment peut-on gérer 14 aéroports avec seulement 900 employés et vouloir en licencier 500 ?», s’interroge Mohamed Mbaye. Le débat est lancé et pourrait se prolonger si les travailleurs obtiennent gain de cause sur leurs revendications. En attendant, la mobilisation se poursuit pour contester un plan de sauvetage jugé inapproprié.
 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
LES ECHOS

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