ACCUSÉ DE CORRUPTION PRESUMEE POUR 50 MILLIONS PAR UN ENTREPRENEUR : Ismaïla Madior Fall, ancien garde des Sceaux, accuse l’actuel ministre de la Justice Ousmane Diagne




 
 
 
L’ancien ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, qui est accusé de faits présumés de corruption et envoyé devant la Haute cour de justice. A l’émission de la 7tv « L’invité de MNF », Ismaïla Madior Fall dit ses vérités. Le constitutionnaliste accuse l’actuel ministre de la Justice de vouloir se venger contre lui. Dans cette émission, l’ancien garde des Sceaux est revenu sur les péripéties des échanges avec l’entrepreneur Cheikh Guèye qu’il accuse de l’avoir séduit pour se voir confier la construction d’un centre de surveillance électronique, alors qu’il n’a pas les moyens. C’est ainsi qu’il a résilié le contrat et récupéré le terrain en question. Mais il réfute l’accusation de corruption portant sur 50 millions qu’il révèle avoir retournés illico presto à son envoyeur qui n’est autre que le directeur de la Construction des palais de justice. Et cette accusation de corruption est partie d’une délation confirmée par le directeur de la Construction des palais de justice, Mouhamadou Wane.
 
 
«Mon nom n’a jamais été cité sur aucun dossier. Je suis le seul ministre qu’aucun rapport n’a épinglé et qu’on emmène à la Haute cour de justice. C’est mon successeur au ministère de la Justice (ndlr : Ousmane Diagne) qui m’a emmené à la Haute Cour de justice (Hcj). C’est lui qui a initié l’enquête qui m’emmène à la Hcj. C’est pourquoi j’exprime ma surprise. Mais cela ne m’a pas surpris. Je suis au fait que le ministre en question est sur deux dossiers me concernant, dont le seul dessein, c’est de me mettre en maille avec la justice. Le premier concerne cette affaire de corruption qui est à la Dic, mais piloté par le parquet d’instance et l’autre, le marché des bracelets électroniques piloté par le Pjf. Cela ne me préoccupe pas parce que ce sont des dossiers vides».
 
La vérité
 
 
«C’est moi qui ai lancé le dossier des bracelets électroniques au ministère de la Justice. A mon retour au ministère, j’ai créé un centre de surveillance électronique. Au lieu de payer 50 millions par mois pour loger les agents, j’ai ordonné la construction d’un centre de surveillance électronique et un centre pour le casier judiciaire. J’ai proposé qu’on donne une dation en paiement au constructeur de ce centre sur 1000 hectares. Comme on n’avait pas d’argent, j’ai demandé qu’on trouve un opérateur pour sa construction au lieu de passer par appel d'offres. J’ai demandé 500 millions sur la valeur du terrain pour la construction du centre et payer l’opérateur sur les 200 millions restants. C’est ainsi qu’on a mis en valeur l’espace. Après travaux avec mes services, nous avons été séduits par la présentation de l’entrepreneur Cheikh Guèye qui nous a été proposé par le directeur des Constructions, qui est un jeune ingénieur en qui j’avais une confiance totale. Mais avant mon départ, j’ai rectifié quelques problèmes. C’est ainsi que nous avons signé un protocole d’accord».
 
«Il m’avait offert gracieusement 50 millions par le biais du directeur des Constructions Mouhamadou Wane, ce que j’ai refusé diplomatiquement»
 
«Je suis resté trois à quatre mois, le chantier n’a pas démarré et à la direction des Domaines, on m’interpelle sur le sieur Guèye qui a déposé des demandes dans les banques pour la recherche de fonds. Ils m’ont fait savoir qu’il n’a pas les moyens pour réaliser le projet. Il a hypothéqué le terrain à la banque. Je l’ai appelé pour lui faire savoir que je vais tout annuler. C’est ce que j’ai fait et j’ai saisi la Direction des domaines pour qu’ils annulent le bail. J’ai tous les actes. Le jour de l’audience, Me Aïssata Tall Sall qui m’a succédé au ministère viendra témoigner à l’audience. Elle a reçu le sieur, mais elle était intransigeante. Il avait dit à Aïssata qu’il m’avait remis de l’argent, ce qui est faux et j’en avais informé Aïssata. Il m’avait offert gracieusement 50 millions par le biais du directeur des Constructions Mouhamadou Wane, ce que j’ai refusé diplomatiquement. Aïssata le lui a fait savoir et il a reconnu avoir reçu l’argent. C’est comme cela que l’affaire a été annulée».
 
«Me Aïssata Tall Sall qui m’a succédé au ministère viendra témoigner à l’audience»
 
«Il y a eu changement de régime, je ne sais pas s’il y a eu ramification ou pas, mais il semble avoir repris le terrain et parvenu à faire des réalisations. Lorsqu’ils sont arrivés, ils ont procédé à des enquêtes qui ont abouti à moi pour une affaire de corruption. C’est après que j’ai découvert que c’est l’oncle du directeur des constructions. Je dis clairement qu’il n’y a pas de corruption dans cette affaire. Il a tenté de donner de l’argent pour qu’on revienne sur l’annulation, et on a refusé. On n’a jamais parlé d’argent. Quand tu prends de l’argent dans une affaire, tu es lié. Personne n’ose annuler le marché d’un entrepreneur dont nous avons accepté des finances. Sinon, il te dénoncerait. Heureusement que Me Aïssata Tall Sall est mon témoin».
 
 
 
«C’est un dossier vide. Ce n’est pas élégant»
 
«Je n’ai rien à faire dans cette affaire. Posez la question au ministre de la Justice : pourquoi intenter une affaire judiciaire contre ma personne sur des faits qui n’existent pas ? C’est bizarre pour tout le monde. Une simple affaire de construction d’un centre de surveillance électronique dans un espace du tribunal… C’est une dation en paiement. L’Etat n’a déboursé rien du tout. Il n’y a pas d’argent à voler ni à détourner. C’est un dossier vide. Ce n’est pas élégant. En somme, c’est le ministre actuel de la Justice qui m’a emmené à la Hcj au lieu des rapports des corps de contrôle». 
Baye Modou SARR avec la 7tv
 
 
 
 
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