La promesse faite par le régime de Pastef par rapport à la transformation nationale du service public n’est que du toc, si l’on en croit Abdoulaye Wilane. Le porte-parole du Parti socialiste parle d’un « agenda creux sans colonne vertébrale opérationnelle », qui «souffre d’un excès de jargon managérial, truffé de concepts abstraits ».
Ceux qui s’attendent à une rénovation du service public à travers l’agenda de transformation nationale 2025-2029 lancé par le nouveau régime peuvent déchanter, selon Abdoulaye Wilane, porte-parole du Parti socialiste. Dans une note écrite, l’ancien parlementaire dit devoir réagir avec « rigueur, responsabilité et exigence. Car, la réforme du service public ne peut être réduite à un document de communication, aussi bien rédigé soit-il ».
« Un agenda verbeux, sans colonne vertébrale opérationnelle »
L’ancien maire de Kaffrrine fait noter d’emblée que ledit agenda souffre d’un « excès de jargon managérial, truffé de concepts abstraits, qui, s’ils flattent les consultants, restent largement inaudibles pour les agents de l’État comme pour les usagers ».
Pour lui, cette surenchère technocratique masque l’absence de priorités claires, d’objectifs chiffrés et de mécanismes concrets de mise en œuvre. En fait, souligne-t-il, « c’est un catalogue de bonnes intentions, non un plan d’action réaliste ».
Abdoulaye Wilane parle d’ambition inflationniste non adossée à des moyens. « Le gouvernement annonce une transformation en profondeur du service public, mais le texte ne précise ni le coût de cette réforme, ni ses sources de financement. La question centrale reste sans réponse : avec quels moyens budgétaires cette "révolution administrative" sera-t-elle menée ? », s’interroge-t-il avant de préciser : « réformer le service public, ce n’est pas le réenchanter dans les discours, c’est le financer, l’équiper, et surtout le piloter ».
« Le Premier ministre et son régime, incapables et incapacitants (..), préfèrent accuser, dénoncer et s’acharner sur les fonctionnaires »
L’ancien député ne comprend surtout pas ce silence troublant du régime sur les résistances et les réalités sociales. « Rien sur les grèves récurrentes dans l’administration, souvent alimentées par de profondes disparités salariales et un manque de perspectives. Rien sur la négociation sociale avec les syndicats, ni sur la démotivation des agents, minés par la précarité et le népotisme », renseigne Wilane qui regrette que « le Premier ministre et son régime, incapables et incapacitants, au lieu de s’attaquer à ces problèmes structurels, préfèrent accuser, dénoncer et s’acharner sur les fonctionnaires – notamment ceux du Trésor, des Douanes, des Impôts et Domaines, sans oublier les diplomates ».
Abdoulaye Wilane affirme que dans un pays où tout se sait, déclaration de patrimoine ou pas, ce style de gouvernance est toxique et destructeur. « Guides religieux, forces de défense et de sécurité, magistrats, et même l’actuel chef de l’État après tous ses prédécesseurs, ont été publiquement humiliés. Les Sénégalais doivent y mettre un terme, vite et proprement », invite-t-il.
Cette annonce en grande pompe de l’agenda de transformation nationale du service public n’est sous-tendue, d’après l’ancien parlementaire, que par « des dispositifs gadgets, des effets d’annonce, mais peu de réformes structurelles. On nous parle de : baromètre citoyen, jokko-public, prix du service public, observatoire de la transformation…Autant de dispositifs qui, s’ils peuvent avoir un effet symbolique, ne résolvent rien au fond : délais administratifs excessifs, corruption de guichet, lenteur des recrutements, mauvaise gestion des carrières, etc. ».
« Aucune rupture institutionnelle ou juridique »
Selon lui, le document ne propose aucune réforme du statut de la fonction publique, aucune refonte des procédures administratives, aucun nouveau cadre de contractualisation de la performance. Or, sans réforme institutionnelle, poursuit-il, il n’y aura pas de transformation durable du service public. Abdoulaye Wilane assure que cet agenda, c’est juste « un exercice de style sans volonté réelle de transformation ». C’est pourquoi le Parti socialiste dit ne pas cautionner une réforme qui : ignore les véritables blocages du service public, les sujets sensibles dont le recrutement clientéliste, gestion opaque des ressources humaines, absence de mobilité… qui n’offre aucun calendrier de mise en œuvre vérifiable. « Nous appelons à une refonte du document, qui doit intégrer : un diagnostic chiffré de l’état actuel du service public ; un plan budgétaire clair avec des sources de financement ; une hiérarchisation des priorités, mais aussi un engagement politique fort, avec des objectifs mesurables par trimestre ou par an ».
Nd. Kh. D. F