À SACRÉ-CŒUR, LE « ÑAXTU NATIONAL » DÉFIE L’INTERDICTION PRÉFECTORALE : Talla Sylla et ses alliés campent sur leur droit de manifester




 
 
Malgré la décision du préfet de Dakar interdisant leur rassemblement au terrain de Sacré-Cœur 3, les organisateurs du «Ñaxtu National» maintiennent leur mobilisation prévue ce samedi. Porté par Talla Sylla, Assane Diouf, Bougane Guèye Dany et d’autres figures de l’opposition et de la société civile, le collectif dénonce une interdiction «politique» au service du pouvoir. Un bras de fer s’ouvre, sous tension, à la veille d’un week-end marqué également par le méga «tera-meeting» du Pastef.
 
 
 
Le préfet de Dakar, Chérif Mouhamadoun Blondin Ndiaye, a opposé un refus à la demande de manifestation du collectif, invoquant des risques de troubles à l’ordre public et des perturbations majeures dans une zone dense et traversante. Mais les organisateurs rejettent l’argument. Le collectif «Ñaxtu National» a, en effet, annoncé qu’il ne reculera pas d’un pas. Ni compromis, ni itinéraire alternatif, ni négociation de dernière minute. Pour ses responsables, l’affaire dépasse la simple organisation d’un rassemblement. Elle touche au cœur du droit constitutionnel de manifester. Et c’est ce principe qu’ils disent vouloir défendre coûte que coûte. «Nous n’allons pas renoncer à ce que la Constitution garantit à tout citoyen», martèle Talla Sylla. L’ancien maire de Thiès est catégorique : «nous sommes déterminés à tenir notre Ñaxtu National sur le lieu que nous avons annoncé. Ce n’est pas à l’administration de choisir à notre place la géométrie de notre expression.»
À ses côtés, Assane Diouf lui emboîte le pas. «Il ne s’agit pas d’un défi personnel au préfet, encore moins d’une provocation à l’État. C’est l’État qui tente de confisquer un droit fondamental. Nous tiendrons notre rassemblement, que cela plaise ou non», prévient-il.
 
 
Une interdiction jugée «arbitraire» et «à sens unique»
 
 «Ce discours, on le connaît. Il revient à chaque fois que l’opposition réclame l’espace public», assène Talla Sylla. «Où est l’ordre public quand c’est le Pastef qui occupe l’esplanade du stade Léopold Sédar Senghor le même jour ? Pourquoi ne leur demande-t-on pas de changer de place ? Ils ont les moyens, l’infrastructure, les appareils de sécurité. Mais c’est nous qu’on cherche à reléguer dans les marges», dénonce-t-il. Aux yeux du collectif, difficile de ne pas y voir un deux poids deux mesures flagrant. «L’administration n’est plus arbitre. Elle est arbitre-joueur-supporter», s’indigne Bougane Guèye Dany. «On veut nous réduire à des figurants. Nous refusons. Le peuple ne se gouverne pas par l’intimidation.»
Pour le collectif, céder cette fois revient à céder pour de bon. «Si nous acceptons qu’on nous déplace aujourd’hui, demain ce sera l’interdiction totale, après-demain la criminalisation de la contestation», explique un des porte-parole.
 
 Baye Modou Sarr
 
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