Mercredi prochain sera célébré, à Ziguinchor et un peu partout dans le pays, le 16e anniversaire du naufrage du bateau Le Joola. Cependant, les familles des victimes de cette catastrophe maritime ne voient pas d’un bon œil que le président de la République vienne le lendemain de cet anniversaire, 27 septembre, à Ziguinchor, pour l’inauguration de la Rn6. Elles demandent au Président Macky Sall de venir présider lui-même cette cérémonie de commémoration qui a lieu dans la matinée du 26 septembre au port de Ziguinchor.
Voilà bientôt 16 ans, jour pour jour, que le bateau communément appelé Le Joola a chaviré dans les eaux gambiennes, dans la nuit du 26 septembre 2002. Ce mercredi, sera commémorée à Ziguinchor cette catastrophe maritime. Ainsi, chaque année, les familles, les voisins et sympathisants se souviennent de leurs filles, fils, pères, mères, oncles, neveux et tantes restés dans le bateau. Cette cérémonie a failli coïncider avec la venue du chef de l’Etat le lendemain, 27 septembre, à Ziguinchor, annoncée en grande pompe par l’ancien ministre d’Etat Robert Sagna, la semaine dernière, lors du comité d’animation de son parti, le Rsd.
De façon unanime, toutes les familles des victimes, interpellées sur cette venue de Macky Sall à Ziguinchor pour d’autres fins, souhaitent que ce dernier soit parmi elles, le 26 septembre, au port, pour commémorer ensemble cette tragédie. «Le naufrage est un drame national, voire international. Le chef de l’Etat doit être en première ligne. Il doit venir présider cette cérémonie. C’est vraiment notre souhait. Cela a toujours été notre vœu de voir le président de la République parmi les familles des victimes pour la célébration de ce drame national», souligne Moussa Cissokho.
Le président de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés d’ajouter : «nous l’invitons juste à venir commémorer avec nous ce drame et le lendemain, il continue sa tournée en Casamance». D’ailleurs, M. Cissokho a renseigné qu’une demande a été envoyée à la présidence de la République pour «inviter le président de la République à venir célébrer pour la première fois cet anniversaire avec les familles des victimes, les pupilles de la nation, les orphelins, rescapés, entre autres».
Prise en charge psychologique des 64 rescapés recensés au niveau national
La prise en charge sur le plan social des 64 rescapés se pose avec acuité. Sur le plan psychologique, les rescapés souffrent. Beaucoup n’ont pas les moyens de se prendre en charge. Selon M. Cissokho, même si l’Etat fait des efforts dans ce sens, il reste beaucoup à faire. «L’année dernière, le ministre des Forces armées avait demandé qu’on le mette en relation avec ces derniers pour voir comment les accompagner sur le plan psychologique», renseigne-t-il. M. Cissokho de rappeler que ces derniers sont très affectés et qu’il est urgent de les assister, car ils sont dans le besoin. «Parmi eux, il y a certains qui, à l’approche de la célébration, versent de chaudes larmes. Ce qui montre qu’ils souffrent de traumatisme depuis 16 ans, et jusqu’à présent, ils sont laissés à leur propre sort», déplore Moussa Cissokho.
Ahmet COLY