Poursuivis pour tentative d'extorsion de fonds, collecte illicite et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs, deux réparateurs de téléphone portable ont été condamnés vendredi dernier à 6 mois de prison ferme par le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye. Ousseynou Seck et Mamadou Woury Ba ont publié les vidéos obscènes d'une dame mariée qui avait mis à la disposition de l'un d'eux son portable pour réparation.
Seynabou D., après ce scandale sexuel qui a éclaboussé sa vie, sera-t-elle toujours bien considérée par son entourage ? En tout cas, elle a eu le courage de venir devant le tribunal affronter ses bourreaux puisque son image, à cause de ses vidéos pornographiques qui ont fuité sur les réseaux sociaux, a été écornée. Cette mariée, si l'on s'en tient à ses déclarations, voulait tout simplement faire plaisir à son mari. C'est ainsi qu'elle s'est filmée toute nue dans sa chambre et a ensuite envoyé à son époux les images. Hélas, elle n'a eu que ses yeux pour pleurer.
Son téléphone portable en panne, elle s'est rendue à Keur Massar auprès du réparateur Ousseynou Seck. Après accord sur le montant de 25.000 F Cfa pour la réparation, elle a laissé l'appareil entre les mains de Seck. Lorsque le portable a été allumé, Ousseynou Seck a appelé Seynabou D. pour lui demander son code de déverrouillage pour vérifier si tout était en marche. La dame, qui était un peu sceptique au début à l'idée de remettre son code, a fini par céder et le lui a envoyé. C’est ainsi que Ousseynou Seck est tombé sur les vidéos nues dans la galerie de sa cliente Seynabou D.. pour on ne sait quelle raison, il a fait appel à son collègue Mamadou Woury Ba pour qu'il les lui supprime. Au lieu de s’en tenir à ce qui lui avait été demandé, Mamadou Woury Ba les a transférées sur son portable. Et au bout de quelques jours, il se permet même d’entrer en contact avec la plaignante via message WhatsApp pour lui confier qu’il détient ses vidéos pornographiques. Aussitôt, il commence à la faire chanter.
Apeurée, Seynabou D. le bloque immédiatement. Mais son maitre-chanteur continuait toujours à la harceler en utilisant d'autres numéros de téléphone. C'est quand elle n'en pouvait plus de ces menaces qu'elle a saisi les éléments enquêteurs. Pour neutraliser son maître-chanteur, elle fait semblant d’acceper et lui donne un rendez-vous à Niague. Mamadou Woury Ba et Ousseynou Seck sont alors arrêtés et inculpés pour des faits de collecte illicite de données à caractère pornographiques et tentative d'extorsion de fonds. Et l'enquête a montré que deux numéros de téléphone ont servi à ouvrir deux comptes WhatsApp au nom de Mamadou Woury Ba. C'est avec ces numéros qu'il échangeait avec la victime pour la menacer de publier ses images.
Placés sous mandat de dépôt le 26 avril dernier, ces prévenus ont été jugés hier, vendredi 3 mai, devant le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye sans assistance d'un avocat. Face au juge, chacun a essayé de nier en donnant sa version des faits. Le prévenu âgé de 21 ans, Ousseynou Seck, a soutenu avoir vu les images après réparation du portable de la victime. Ce, avant de solliciter son co-prévenu Mamadou Woury Ba pour la suppression. «Ce n'est que quelques jours plus tard qu'elle m'a contacté pour m'informer de ses images qui circulaient. Comme certaines le font, je croyais qu'elle allait me proposer des faveurs sexuelles après lui avoir réparé son portable. J'ai supprimé ces images que j'ai eu à transférer dans mon téléphone», a-t-il avancé. Le juge lui a signifié qu'il avait l'esprit tordu en pensant cela. Âgé de 23 ans, Mamadou Woury Ba de renchérir : «lorsqu'elle m'a demandé le canal par lequel j'ai obtenu ses images, je lui ai à mon tour proposé de la rencontrer pour lui expliquer ça. C'est là qu'elle m'a proposé des relations sexuelles parce que, selon elle, je l'ai aidée dans cette affaire». Venue assister à son procès, Seynabou D., emmitouflée dans une robe Diezner verte, affichait une mine rassurante à la barre.
Cette mère de famille a expliqué sa mésaventure. «Ce téléphone est avec moi depuis 3 ans. J'avais fait ses vidéos pour mon mari. Ces vidéos étaient stockées dans une application qui se trouve dans le téléphone et non dans ma galerie comme ils l'ont soutenu. Ousseynou Seck m'a appelée pour me dire qu'on doit flasher mon portable pour le remettre en marche. Après ça, il m'a demandé le code pour vérifier si ça fonctionnait. Je lui ai demandé si c'était sûr, mais il m'a convaincue. C'est après que je lui ai transféré mon code, que je n'ai jamais communiqué à personne d'ailleurs. Même mon fils ne le connaît pas», a-t-elle narré.
Seynabou D. de reconnaître que Ousseynou Seck ne l'a pas appelée pour la faire chanter, mais plutôt Mamadou Woury Ba.
Le procureur, très remonté contre les prévenus, leur a dit : «vous savez pertinemment que ce que vous avez fait est mal. Ce que vous avez fait, c'est ternir l'image d'une personne». ainsi, il a requis 6 mois de prison ferme contre eux. Les mis en cause qui ont demandé la clémence du tribunal ont été condamnés à 2 ans de prison dont 6 mois ferme pour collecte illicite et diffusion d’images à caractère pornographique, après leur relaxe du délit de tentative d'extorsion de fonds.
Fatou D. DIONE
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